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Ce comte est le premier à porter le surnom de Dauphin, et ceci dès 1110, soit treize ans avant de régner. Les fiefs du comte d'Albon et du comte de Savoie s'enchevêtraient et aucune frontière ne pouvait être tracée. Certains fiefs du comte de Savoie Amédée III comme Rives, Voiron et St Laurent du Pont étaient trop près de Grenoble pour ne pas être jugés sensibles par Guigues. Il suffit qu'Amédée exerce quelques pressions sur les terres Dauphinoises limitrophes en 1140 pour que Guigues lève son ost et marche contre le comte de Savoie en Grésivaudan. 

Les premiers combats tournent à l'avantage du comte d'Albon qui met le siège devant le fort de Montmélian. A cette époque, le château n'est pas encore la forteresse imprenable qu'elle deviendra plus tard et Guigues compte sur la baisse de moral des assiégés pour enlever la place. Comprenant le danger, Amédée rallie ses troupes dispersées et attaque les retranchements de Guigues au pied du château. Sous l'effet de la surprise, les Dauphinois se débandent, laissant Guigues seul face à l'ennemi avec quelques chevaliers. Blessé, le comte d'Albon est emmené dans son château de La Buissière où il décède trois jours plus tard dans les bras de son épouse, Marguerite de Bourgogne. Le fait que le comte mourant ait été transporté à La Buissière plutôt qu'ailleurs (Avalon par exemple, qui est plus proche), témoigne de la mainmise précoce des Dauphins sur la terre de La Buissière, même s'ils n'en sont pas encore à cette époque les seigneurs directs.

Mort du Dauphin Guigues IV au siège de Montmélian (Illustration de Florent Vincent pour l'ouvrage "Le Grésivaudan au Moyen Age")

L'abbé Perrin affirme que Guigues IV décida l'agrandissement du château de La Buissière et de la première ligne de remparts protégeant le bourg. Il n'apporte malheureusement aucune preuve : son raisonnement s'appuie sur l'édification de la chapelle castrale sous le vocable de St Sébastien. Les visites pastorales de Mgr Le Camus au XVIIème siècle nous apprennent qu'elle avait été fondée par un Dauphin. Elle était située dans l'angle Sud Est du premier mur d'enceinte du bourg, à l'extérieur du château proprement dit. St Sébastien étant le patron des milices guerrières, Perrin en déduit que Guigues IV, par son tempérament, était le plus à même de fonder cette chapelle, ce qui implique l'agrandissement du château. Les cartulaires de St Hugues écrits vers 1100 mentionnent une chapelle castrale sans préciser le patronage, ce qui laisse supposer que cette première chapelle était construite dans le château proprement-dit, ou peut être sur la motte castrale qui l'a précédée.

Amédée III décide de suivre le roi de France Louis VII et l’empereur Conrad III à la seconde croisade, pour se faire pardonner la mort de son beau-frère. Il meurt à Chypre au retour de la Croisade en 1149. Des petits nobles de la vallée l’accompagnent comme Aimon de Briançon ou Lantelme de Bellecombe. D’autres chevaliers qui ne semblent pas être dans la mouvance des comtes de Savoie, comme Hugues de Domène, se rendent également “ au-delà des mers pour combattre les ennemis de la croix du Christ ”.

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