les comtes d'Albon
> Guigues
Ier
> Guigues
II
> Guigues
III
> Guigues
IV
- le
nom Dauphin
> Guigues
V
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d'Albon
la Maison de
Bourgogne
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Dauphin
> Guigues
VII
> Jean
Ier
la Maison de
La Tour
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Ier
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chevauchées
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II
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Mont-Briton
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VIII
- sa mort
> Humbert
II
le Dauphiné Royal
> Charles
Ier
> les
gouverneurs
> la
guerre
> Louis
II
vie quotidienne
> agriculture
> industrie
> commerce
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Note: cette évocation ne
concerne que le
mandement de La Buissière. Un élargissement à l'agriculture dans
l'ensemble de la vallée est à l'étude.
Les
exploitations agricoles
Les
exploitations agricoles sont la base de l'économie médiévale : c'est autour de ces
fermes que les paysans se sont regroupés, constituant ainsi un hameau qui deviendra par
la suite une paroisse. Moyennant certaines redevances, les paysans exploitent dès le
XIème siècle dans le Grésivaudan la terre. Elle appartient selon le cas au seigneur
laïc ou à des ecclésiastiques, comme les monastères ou l'évêché de Grenoble et est
tenue en fief par des petits nobles comme les Granges ou les Châteauneuf à La
Buissière. Les paysans sont des hommes libres et le servage ne semble pas avoir
existé,
le terme "servus" ne figurant jamais dans les textes.
On distingue trois types d'exploitation
rurale par ordre décroissant de taille : le mas, la cabannerie et la
borderie.
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Le mas
comprenait une ou plusieurs habitations pour les tenanciers, des prés et des champs
labourables. Selon les lieux, il avait ses noyers et ses
vignes. On y élevait du bétail,
surtout des porcs et des brebis. Pour assurer l'élevage du bétail, des terres incultes
étaient associées au mas que le tenancier pouvait défricher à son
grè, des alpages et
des bois. Les mas avaient le plus souvent des limites naturelles. Leurs tailles étaient
variables : de 40 à 137 sétérées. |
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Les cabanneries
et les borderies étaient moins étendues et moins chargées que les mas. On constate le
plus souvent qu'un mas valait deux cabanneries et quatre borderies. |
Les
céréales
Le sol
du Grésivaudant était riche, propice aux céréales et surtout à la vigne sur la rive
droite. Dès les XIème et XIIème siècles, on trouve des traces de cultures de
céréales en Grésivaudan : le froment est cultivé au début du XIIème siècle sur le
plateau des Petites Roches.
Les propriétés étaient très morcelées
car les actes de vente fourmillent de lots minuscules. Les tenures étaient assez stables
pour que le paysan s'imagine propriétaire. La charte de franchises de La Buissière
indique que les héritages se transmettaient de père en fils sans droit de succession.
Le froment était une des bases de
l'économie de la région. Sa valeur était supérieure aux autres denrées (quatre fois
plus que l'orge et six fois et demie plus que l'avoine en 1364). Sa culture était aussi
pratiquée sur le plateau des Petites Roches à cette époque.
L'orge était assez rare si on en juge par
les redevances : Il est signalé seulement à Bellecombe en 1393. Le seigle ne parait pas
dans les textes des XIVème et XVème siècles mais cela ne veut pas dire qu'il n'existait
pas dans le pays. Il faut en effet tenir compte de l'indécision qui régnait dans les
appellations de céréales et, certains comptes de châtellenie nous en avertissent, on
convertissait souvent une redevance en une autre, probablement pour simplifier les calculs
: à La Buissière et Bellecombe, les fèves étaient comptées avec le froment et les
noix avec l'avoine. Les châtaignes étaient comptées avec le froment ou l'avoine.
Froment et avoine étaient particulièrement abondants, surtout sur le plateau des Petites
Roches où ils étaient la ressource essentielle des habitants de St Hilaire, St Pancrasse
et St Bernard, ainsi qu'à La Buissière.
L'orge et le seigle, surtout ce dernier,
étaient des cultures négligées. L'avoine était fort répandue. Elle était cultivée
partout, même sur le plateau des Petites Roches. Cette culture était surtout destinée
à l'alimentation des chevaux. La
vigne
C'est la
vigne qui différenciait le plus le mandement de La Buissière de ceux
d'Avalon, Allevard,
Theys ou Moretel, si pauvres à cet égard. La vigne trouve sur les coteaux ce qu'il lui
faut : sol pierreux et chaud, à l'abri des vents près de la montagne, bien exposé. La
vigne fournissait à la châtellenie sa récolte la plus abondante.
La vigne était cultivée sur les côteaux du
Grésivaudan depuis le milieu du XIème siècle. Comme le froment, la vigne poussait
partout : A La Buissière en 1393, 157 personnes payaient une redevance en vin : Quelques
unes d'entre elles donnaient une sommée entière, d'autres une fraction de sommée ce qui
faisait en tout 77 setiers, 3 quartaux.
A partir du XIVème siècle, on voit la vigne
régner en maîtresse sur la rive droite du Grésivaudan, surtout de Grenoble à
Lumbin,
et le pays présentait l'aspect d'un immense vignoble. Cette adaptation était facilitée
par la proximité de Grenoble, ville de passage et de gros marché. Il se vendait aussi
sur place dans les auberges de la vallée où on en consommait des quantités
importantes.
Dès le XIVème siècle, les
bourgeois de Grenoble, enrichis par leur industrie et leur commerce, les artisans
aisés,
envahissent la rive droite où ils voulurent avoir une maison de campagne, des terres et
surtout des vignes.
Les procédés employés pour la culture de
la vigne étaient à peu près les mêmes que ceux d'aujourd'hui :
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sur les pentes
où le labour était impossible, on fouillait le sol à la main (fodere), |
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on taillait la
vigne (putare), |
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on retournait
une deuxième fois la terre (binare) |
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et pour la
reproduction, on pratiquait le provignage (provignare). |
Les ceps étaient
soutenus par des pieux, les sarments attachés à des échalas qui, élevant le raisin au
dessus du sol, lui permettait de recevoir plus de soleil. Cette culture, en raison même
des soins nécessaires, était très coûteuse. Une partie du travail était assuré par
endroit par la corvée (les corvéables étaient nourris, ils recevaient du pain, du vin
et du fromage). Les autres cultures
On
rencontrait de nombreux noyers à Barraux ; le chanvre était cultivé un peu partout sur
la rive droite, dont Ste Marie d'Alloix et Bellecombe, mais il était surtout concentré
dans le mandement de Montbonnot.
L'apiculture se pratiquait sur le plateau des
Petites Roches, peut-être grâce à la proximité des forêts de sapin. Les arbres
fruitiers et la ciboulette sont mentionnés dans les comptes de châtellenie sans plus,
preuve d'une importance marginale dans l'économie du mandement. De même, le chanvre
n'est pratiquement pas cité et n'est plus mentionné à partir du milieu du XIVème
siècle. Cette culture était surtout pratiquée plus au Sud, à Montbonnot et à St
Ismier.
En fait, l'agriculture de cette époque
était très similaire à celle qui était encore pratiquée au début du siècle.
L'ADAYG, Association pour le Développement de
l'Agriculture dans l'Y Grenoblois, s'est donné pour mission de préserver cet
héritage. L'élevage
Plus
encore que l'agriculture, le mandement était favorisé pour l'élevage. Volaille et
bétail était abondants et variés.
La volaille
C'était une ressource supplémentaire et un
luxe car lorsque le Dauphin passait à La Buissière, on lui servait régulièrement des
poules et des poulets. La charte de franchise prévoit que le châtelain ne peut prendre
de force des poules chez l'habitant pour les offrir au Dauphin sans les payer le jour
même. Pourtant, la volaille était secondaire à côté du bétail.
Les porcs
Les porcs constituaient la richesse la plus
originale du mandement grâce à la belle futaie de chênes de la forêt de Servette et
aux glands qui s'y trouvaient. On entretenait les porcs à l'étable pendant une partie de
l'année puis on les menait à la forêt au moment des glands pour les
engraisser. De 1353
à 1356, les guerres entraînent un manque de glands. Cet élevage périclita avec la fin
de la forêt de Servette. Leur nombre était de deux cents en 1383, deux cent vingt en
1387, cent quatre vingt sept en 1407, cent douze en 1409 et deux cent cinquante cinq en
1473. Le Dauphin, qui était propriétaire de cette forêt, exigeait en redevance toutes
les oreilles de porc. Le Dauphin percevait un droit de paissonage de 4 deniers pour les
porcs conduits dans la forêt de Servette pour l'engraissement, 2 deniers seulement pour
les porcs nourrains et les truies.
Les bovins
L'élevage
bovin était important dans la plaine. Plus que pour le lait, les vaches étaient
utilisées comme bêtes de somme pour le labourage ou pour tirer de lourds
chargements. Les bovins étaient utilisés également en boucherie. Le plateau des Petites Roches était
spécialisé dans l'élevage. Le bétail était mené sur les pâturages de l'Alpe à
partir du mois de Mai. L'été, une bonne partie du bétail était monté à l'Alpe pour
pouvoir moissonner le foin et le rentrer dans les granges. Des vols réciproques de
bétail avec les savoyards d'Entremont sont souvent mentionnés dans les documents en
notre possession. Curieusement, ceci ne s'appliquait pas aux vaches appartenant en propre
au Dauphin, le jeu étant trop dangereux.
Pour obtenir l'engrais nécessaire aux
cultures épuisantes comme le froment et le chanvre, la population de la rive droite
élevait du bétail. A la fin du XIIIème siècle, le Dauphin percevait chaque année dans
le mandement de La Buissière quatre-vingt charges de foin estimées 40 sous. On ne sait
pas si ce foin était dû par ceux qui possédaient des boeufs. Le nombre de bêtes
avoisinait 80 sur l'Alpe, les autres restaient en bas à l'étable comme bêtes de somme.
Dans les alpages s'étendant de Ste Marie du
Mont à Bellecombe, on voyait paître toutes sortes de bestiaux : boeufs,
vaches, chevaux
et surtout des moutons.
Les moutons
Moutons et
brebis étaient les plus nombreux comme le montre l'importance des redevances en nature
perçues par le Dauphin en fromage de brebis. Ces troupeaux ne passaient pas l'hiver sur
le mandement mais transhumaient depuis le Viennois. |