| Telles qu’elles apparaissent au visiteur, les fortifications
                  de Barraux, bien qu’elles soient le fruit d’une évolution
                  quatre fois centenaire, présentent une remarquable unité.
                  
                  Le fort reste avant tout un exemple de fortification bastionnée. Le plan de la place est vaguement rectangulaire ; il
                  présente donc quatre fronts:
  front de
                  l’Isère 
  front de
                  Grenoble 
  front de
                  Barraux 
  front de
                  Savoie Le front de Savoie et le front de Barraux comportent chacun
                  une  courtine encadrée par deux
                   bastions qui croisent leurs
                  feux. Pour des raisons évidentes qui tiennent à la portée
                  relativement faible des pièces d’artillerie de l’époque,
                  le front le plus long, celui de l’Isère, a été doté
                  presque en son milieu d’un bastion intermédiaire. Quant au
                  front de Grenoble, après avoir été longtemps doté de deux
                  niveaux de défense, un supérieur encadré par les bastions 3
                  et 4 et un inférieur avec les bas-forts (bastions 8 et 7), il
                  s’est vu rajouter au début du XIXe siècle un étage de tir
                  supplémentaire grâce à la construction du cavalier
                  casematé. Sur la place, des  parapets de terre protégeaient
                  la presque totalité de la périphérie des vues et des coups
                  de l’ennemi. Ces parapets étaient coupés d’accès au
                  chemin de ronde. Notons au passage que ce n’est qu’au XIXe
                  siècle que, pour parer aux progrès de l’artillerie, ce
                  chemin de ronde a été rempli de terre, une mesure qui
                  s’est récemment révélée désastreuse pour les courtines
                  qui n’étaient pas prévues pour supporter une telle
                  surcharge. Enfin, certaines  traverses terrassées ou maçonnées
                  protègent encore les deux casernes de
                  Vauban, l’arsenal, la grande
                  poudrière et la chapelle.
                  
                   Un large fossé sec entoure la place. Ses dénivellations
                  suivent celles des flancs du plateau. Dans le fossé sont situés
                  les dehors. Il s’agit essentiellement des ouvrages
                  extérieurs, 
                  demi-lunes et lunettes. Le plus large des petits côtés du
                  rectangle, le front de Savoie, est pourvu d’une grande demi-lune.
                  Sur le front de Barraux, l’entrée du fort est protégée
                  successivement par une lunette et par une demi-lune. Du côté
                  de l’Isère, deux lunettes couvrent les courtines. 
                  
                   Tous ces ouvrages tiennent lieu de bastions détachés,
                  supprimant les angles morts et permettant des feux de revers. 
                  
                   Les  avancées  sont constituées d’une
                   contrescarpe
                  maçonnée,
                  bordée par un chemin couvert. Pour parer aux tirs à
                  ricochets, celui-ci est barré de traverses que contournent
                  des chicanes. Aux angles du chemin couvert sont disposées des
                  places d’armes sortantes ou rentrantes, pour permettre aux défenseurs
                  de se regrouper afin d’effectuer des sorties sur le glacis. 
                  
                   "Le fort comporte plusieurs souterrains. Il est
                  possible de visiter ceux des
                  flancs des bastions ; ils ont été
                  remaniés au XIXe siècle pour en améliorer l’accessibilité
                  ou l’aération. Il faut aussi noter les galeries de contre-mines.
                  On sait qu’il s’agit de préparer des explosions à des
                  points où l’ennemi a toutes chances de prendre pied. Dès
                  le XVIIe siècle, on en creuse dans la contrescarpe des places
                  d’armes saillantes. Elles sont plus ou moins écroulées et
                  ne dépassaient guère une trentaine de mètres de longueur".
                  
                   On ne visite pas la plupart de ces souterrains, car ils présentent
                  pour le public de nombreux dangers : le cheminement est
                  en effet rendu hasardeux par les dérobades du sol, les
                  cloaques dus aux infiltrations, voire les effondrements de la
                  voûte. Cependant, il faut savoir que chaque fois que l’on
                  remarque une  embrasure d’artillerie à la
                   gorge d’un
                  bastion, cette embrasure révèle la présence d’une 
                  casemate de tir, pourvue d’un escalier ou d’une rampe
                  d’accès. Un  évent
                   couvert d’un toit, destiné à évacuer
                  la fumée des déflagrations, confirme cette présence.
                  
                   Par ailleurs, les galeries de contre-mines qui sont situées
                  sous les glacis de la demi-lune de Savoie sont au nombre de
                  sept. Elles sont munies de multiples loges latérales et
                  datent des années 1840.
                  
                   Enfin, n’oublions pas que des salles sont aussi aménagées
                  sous les demi-lunes et lunettes. On y entreposait des armes et
                  des munitions ; elles servaient aussi sans doute au repos
                  des mini-garnisons de ces postes avancés de guet et de défense.
                  
                  
                 |   Le fort vu du Sud (Maquette) |