L'agriculture au Moyen-Âge

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Note: cette évocation ne concerne que le mandement de La Buissière. Un élargissement à l'agriculture dans l'ensemble de la vallée est à l'étude.

Les exploitations agricoles

Les exploitations agricoles sont la base de l'économie médiévale : c'est autour de ces fermes que les paysans se sont regroupés, constituant ainsi un hameau qui deviendra par la suite une paroisse. Moyennant certaines redevances, les paysans exploitent dès le XIème siècle dans le Grésivaudan la terre. Elle appartient selon le cas au seigneur laïc ou à des ecclésiastiques, comme les monastères ou l'évêché de Grenoble et est tenue en fief par des petits nobles comme les Granges ou les Châteauneuf à La Buissière. Les paysans sont des hommes libres et le servage ne semble pas avoir existé, le terme "servus" ne figurant jamais dans les textes.

On distingue trois types d'exploitation rurale par ordre décroissant de taille : le mas, la cabannerie et la borderie.

 

Le mas comprenait une ou plusieurs habitations pour les tenanciers, des prés et des champs labourables. Selon les lieux, il avait ses noyers et ses vignes. On y élevait du bétail, surtout des porcs et des brebis. Pour assurer l'élevage du bétail, des terres incultes étaient associées au mas que le tenancier pouvait défricher à son grè, des alpages et des bois. Les mas avaient le plus souvent des limites naturelles. Leurs tailles étaient variables : de 40 à 137 sétérées.

 

Les cabanneries et les borderies étaient moins étendues et moins chargées que les mas. On constate le plus souvent qu'un mas valait deux cabanneries et quatre borderies.

Les céréales

Le sol du Grésivaudant était riche, propice aux céréales et surtout à la vigne sur la rive droite. Dès les XIème et XIIème siècles, on trouve des traces de cultures de céréales en Grésivaudan : le froment est cultivé au début du XIIème siècle sur le plateau des Petites Roches.

Les propriétés étaient très morcelées car les actes de vente fourmillent de lots minuscules. Les tenures étaient assez stables pour que le paysan s'imagine propriétaire. La charte de franchises de La Buissière indique que les héritages se transmettaient de père en fils sans droit de succession.

Le froment était une des bases de l'économie de la région. Sa valeur était supérieure aux autres denrées (quatre fois plus que l'orge et six fois et demie plus que l'avoine en 1364). Sa culture était aussi pratiquée sur le plateau des Petites Roches à cette époque.

L'orge était assez rare si on en juge par les redevances : Il est signalé seulement à Bellecombe en 1393. Le seigle ne parait pas dans les textes des XIVème et XVème siècles mais cela ne veut pas dire qu'il n'existait pas dans le pays. Il faut en effet tenir compte de l'indécision qui régnait dans les appellations de céréales et, certains comptes de châtellenie nous en avertissent, on convertissait souvent une redevance en une autre, probablement pour simplifier les calculs : à La Buissière et Bellecombe, les fèves étaient comptées avec le froment et les noix avec l'avoine. Les châtaignes étaient comptées avec le froment ou l'avoine. Froment et avoine étaient particulièrement abondants, surtout sur le plateau des Petites Roches où ils étaient la ressource essentielle des habitants de St Hilaire, St Pancrasse et St Bernard, ainsi qu'à La Buissière.

L'orge et le seigle, surtout ce dernier, étaient des cultures négligées. L'avoine était fort répandue. Elle était cultivée partout, même sur le plateau des Petites Roches. Cette culture était surtout destinée à l'alimentation des chevaux.

La vigne

C'est la vigne qui différenciait le plus le mandement de La Buissière de ceux d'Avalon, Allevard, Theys ou Moretel, si pauvres à cet égard. La vigne trouve sur les coteaux ce qu'il lui faut : sol pierreux et chaud, à l'abri des vents près de la montagne, bien exposé. La vigne fournissait à la châtellenie sa récolte la plus abondante.

La vigne était cultivée sur les côteaux du Grésivaudan depuis le milieu du XIème siècle. Comme le froment, la vigne poussait partout : A La Buissière en 1393, 157 personnes payaient une redevance en vin : Quelques unes d'entre elles donnaient une sommée entière, d'autres une fraction de sommée ce qui faisait en tout 77 setiers, 3 quartaux.

A partir du XIVème siècle, on voit la vigne régner en maîtresse sur la rive droite du Grésivaudan, surtout de Grenoble à Lumbin, et le pays présentait l'aspect d'un immense vignoble. Cette adaptation était facilitée par la proximité de Grenoble, ville de passage et de gros marché. Il se vendait aussi sur place dans les auberges de la vallée où on en consommait des quantités importantes.

Dès le XIVème siècle, les bourgeois de Grenoble, enrichis par leur industrie et leur commerce, les artisans aisés, envahissent la rive droite où ils voulurent avoir une maison de campagne, des terres et surtout des vignes.

Les procédés employés pour la culture de la vigne étaient à peu près les mêmes que ceux d'aujourd'hui :

 

sur les pentes où le labour était impossible, on fouillait le sol à la main (fodere),

 

on taillait la vigne (putare),

 

on retournait une deuxième fois la terre (binare)

 

et pour la reproduction, on pratiquait le provignage (provignare).

Les ceps étaient soutenus par des pieux, les sarments attachés à des échalas qui, élevant le raisin au dessus du sol, lui permettait de recevoir plus de soleil. Cette culture, en raison même des soins nécessaires, était très coûteuse. Une partie du travail était assuré par endroit par la corvée (les corvéables étaient nourris, ils recevaient du pain, du vin et du fromage).

Les autres cultures

On rencontrait de nombreux noyers à Barraux ; le chanvre était cultivé un peu partout sur la rive droite, dont Ste Marie d'Alloix et Bellecombe, mais il était surtout concentré dans le mandement de Montbonnot.

L'apiculture se pratiquait sur le plateau des Petites Roches, peut-être grâce à la proximité des forêts de sapin. Les arbres fruitiers et la ciboulette sont mentionnés dans les comptes de châtellenie sans plus, preuve d'une importance marginale dans l'économie du mandement. De même, le chanvre n'est pratiquement pas cité et n'est plus mentionné à partir du milieu du XIVème siècle. Cette culture était surtout pratiquée plus au Sud, à Montbonnot et à St Ismier.

En fait, l'agriculture de cette époque était très similaire à celle qui était encore pratiquée au début du siècle. L'ADAYG, Association pour le Développement de l'Agriculture dans l'Y Grenoblois, s'est donné pour mission de préserver cet héritage.

L'élevage

Plus encore que l'agriculture, le mandement était favorisé pour l'élevage. Volaille et bétail était abondants et variés.

La volaille

C'était une ressource supplémentaire et un luxe car lorsque le Dauphin passait à La Buissière, on lui servait régulièrement des poules et des poulets. La charte de franchise prévoit que le châtelain ne peut prendre de force des poules chez l'habitant pour les offrir au Dauphin sans les payer le jour même. Pourtant, la volaille était secondaire à côté du bétail.

Les porcs

Les porcs constituaient la richesse la plus originale du mandement grâce à la belle futaie de chênes de la forêt de Servette et aux glands qui s'y trouvaient. On entretenait les porcs à l'étable pendant une partie de l'année puis on les menait à la forêt au moment des glands pour les engraisser. De 1353 à 1356, les guerres entraînent un manque de glands. Cet élevage périclita avec la fin de la forêt de Servette. Leur nombre était de deux cents en 1383, deux cent vingt en 1387, cent quatre vingt sept en 1407, cent douze en 1409 et deux cent cinquante cinq en 1473. Le Dauphin, qui était propriétaire de cette forêt, exigeait en redevance toutes les oreilles de porc. Le Dauphin percevait un droit de paissonage de 4 deniers pour les porcs conduits dans la forêt de Servette pour l'engraissement, 2 deniers seulement pour les porcs nourrains et les truies.

Les bovins

L'élevage bovin était important dans la plaine. Plus que pour le lait, les vaches étaient utilisées comme bêtes de somme pour le labourage ou pour tirer de lourds chargements. Les bovins étaient utilisés également en boucherie. Le plateau des Petites Roches était spécialisé dans l'élevage. Le bétail était mené sur les pâturages de l'Alpe à partir du mois de Mai. L'été, une bonne partie du bétail était monté à l'Alpe pour pouvoir moissonner le foin et le rentrer dans les granges. Des vols réciproques de bétail avec les savoyards d'Entremont sont souvent mentionnés dans les documents en notre possession. Curieusement, ceci ne s'appliquait pas aux vaches appartenant en propre au Dauphin, le jeu étant trop dangereux.

Pour obtenir l'engrais nécessaire aux cultures épuisantes comme le froment et le chanvre, la population de la rive droite élevait du bétail. A la fin du XIIIème siècle, le Dauphin percevait chaque année dans le mandement de La Buissière quatre-vingt charges de foin estimées 40 sous. On ne sait pas si ce foin était dû par ceux qui possédaient des boeufs. Le nombre de bêtes avoisinait 80 sur l'Alpe, les autres restaient en bas à l'étable comme bêtes de somme.

Dans les alpages s'étendant de Ste Marie du Mont à Bellecombe, on voyait paître toutes sortes de bestiaux : boeufs, vaches, chevaux et surtout des moutons.

Les moutons

Moutons et brebis étaient les plus nombreux comme le montre l'importance des redevances en nature perçues par le Dauphin en fromage de brebis. Ces troupeaux ne passaient pas l'hiver sur le mandement mais transhumaient depuis le Viennois.

 

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