Cette
maison-forte est située sur un mollard dominant la plaine de
l'Isère, en dessous du bourg de St Nazaire. Il ne reste de
l'époque médiévale que sa superbe tour ronde en briques,
typique des constructions du XIIIe siècle en Dauphiné. Un
texte du XIe siècle attesterait déjà de la présence d'une
maison-forte en ce lieu.
Elle appartenait au début du XIIIe
siècle à Odon Alleman, important conseiller du Dauphin
Guigues André. Son fils Guigues VII lui concéde, pour le
remercier de ses services, un droit de péage sur le bac qui
permettait de traverser l'Isère à l'emplacement du pont
actuel. Ce droit tombe rapidement en désuétude, ce qui
entraîne de nombreux procés et réclamations car les
bateliers refusent de s'arrêter et injurient les collecteurs.
La bâtie passera par la suite à Guillaume Sibut de
Laval, qui reconnaît en 1276 tenir du seigneur de Montbonnot la bâtie
de St Nazaire (autre nom de la Bâtie Champrond). Quant à son
successeur Siboud Alleman, seigneur
de Revel et de la Bâtie Champrond, il échange en 1305 sa Bâtie Champrond avec son
curtil,
ses bâtiments et dépendances contre d'autres fonds que lui
donne Pierre d'Avalon, déjà possesseur de la Bâtie de
Meylan.
Pierre d'Avalon était un juriste devenu
familier d'Hugues Dauphin, frère cadet du Dauphin Jean II.
Lorsque Hugues est investi des mandements de Montfleury,
Montbonnot, Montfort et La Terrasse en 1309, il confirme à
Pierre d'Avalon (qui est qualifié de chevalier) et ses
héritiers, la juridiction sur ses deux bâties de Meylan et Champrond.
Trente ans plus tard, en 1339, Hugues
d'Avalon, fils de Pierre,
fait partie des nobles du mandement de Montbonnot. Il tient
toujours du
domaine delphinal deux maisons fortes avec tour: la Bâtie
Champrond et la Bâtie de Meylan.
En 1362, la petite-fille d'Hugues
d'Avalon, prénommée Philippa, apporte en dot cette maison-forte
à son mari Roux de Commiers.
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