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de 1339
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de
chatellenie
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Ruiné et sans héritier, le Dauphin Humbert II tente de
convaincre à partir de 1338 le Pape Benoit XII (son voisin
d'Avignon) de reprendre en fief une partie de sa principauté. Il
s'agissait du marquisat de Césane (Piémont italien actuel), du
Briançonnais, du Champsaur, du Grésivaudan, de la terre de La Tour
(du Pin) et du Faucigny. L'accord proposé n'était pas une vente
mais un transfert des revenus de ces terres associé à une "récompense". Les
négociations dureront jusqu'à la mort du souverain pontife en
avril 1342. Une première, menée par le Dauphin, estime les biens
en jeu à la somme astronomique de 452 000 florins. Le Pape conteste
cette estimation tout en faisant verser une avance de 15 000
florins. Une enquête delphinale plus poussée (ADI, B 3120) ramène
le montant demandé à 52 500 florins (pour 63 500 feux allodiaux).
Le Pape ordonne une contre-enquête (ADI, B 4443) qui réduit ces
chiffres de moitié. Le Dauphin s'étant endetté auprès du Pape
et n'ayant pas respecté une échéance de remboursement, il est
excommunié par deux fois en 1341. Ces excommunications ne seront
levées qu'à la mort du souverain pontife, mais le projet de
cession avortera. La valeur d'un château étant
proportionnelle au volume de pierres utilisées, les enquêteurs ont
dû mesurer chaque pan de mur (hauteur et largeur en toises, soit
environ deux mètres; épaisseur en pieds) pour en déduire la
valeur en florins. Grâce à cette méthode, nous disposons de
descriptions détaillées de ces châteaux, avec leurs fenêtres et
archères, crénelages et hourds, citernes et fossés, etc. Plus
d'une quarantaine de châteaux sont ainsi décrits. Pour le
Grésivaudan, les inventaires concernent:
La transaction portait sur :
- le marquisat de Césane (dans le Piémont italien) avec 7 châteaux
(6000 à 7000 feux - 5000 fl.) plus en ressort, le château de
Chaumont (500 feux - 300 fl.) ;
- la principauté de Briançonnais, 6 châteaux (8000 feux - 1000 fl.)
plus en ressort 3 autres de 1300 feux et 700 florins ;
- le duché de Champsaur, 12 châteaux (7000 feux - 6000 fl.) avec en
ressort 23 châteaux, 10 000 feux et 5000 fl. ;
- le comté de Grésivaudan, 16 châteaux : Bellecombe, La Buissière,
Avalon, Allevard, Morêtel, Montfort, Montbonnot, Montfleury,
Cornillon, Vizille, Oisans, La Mure, Clermont, Vif, Pariset, Cognet,
plus de 14 500 feux et 12 000 fl. ; en ressort 45 châteaux : Theys,
Manso, La Pierre, Vallie, Domène, Revel, Saint-Jean le Vieux, Pinet,
Virieu, Séchilienne, Gières, Eybens, le Champ, Saint-Georges, Vallis
Cameriis (Laval-Saint Etienne ?), Monteynard, La Motte, Roche, Savel,
Ratiers, Valbonnais, Le Périer, Entraigues, Gresse, Saint-Guillaume,
Avignonet, Château-Bernard, Thoranne, Miribel, Le Gua, Marcion (Mayres
?), Uriol, Varces, Seyssins, Sassenage, Lans, Corrençon, La Terrasse,
Beaumont, Le Touvet, Roche d'Allevard, Veurey, La Bâtie domni
Stephani, de Albo Vilario, 12 400 feux et 14 000 florins ;
- le bailliage de la baronnie de la terre de La Tour (du Pin), 16
châteaux, plus de 14 000 feux, 9500 fl.; en ressort 28 châteaux,
plus de 10 000 feux et 9800 fl. ;
- la baronnie de la terre de Faucigny, 14 châteaux, 14 000 feux et
10 000 fl. ; en ressort 12 châteaux, 3 000 feux et 6 400 fl.
Les biens et hommages suivants ne faisaient pas partie de la
transaction : le comté de Genevois, l'hommage de Jean de Chalon, les
comtés d'Embrun, de Gap et de Forcalquier, les baronnies de
Mévouillon et de Montauban, le bailliage de Valentinois, le comté
d'Albon et de Vienne, le bailliage de Viennois, le fief du comte de
Forez et du sire de Roussillon, les terres de Normandie et
d'Auvergne, le comté d'Andria. (RD 29470)
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