Les bâties de Bellemarche et des Mortes

Bellemarche

 

 

Le comte de Savoie juge en 1339 que sa frontière en avant des Marches est insuffisamment protégée et décide de reconstruire un château à l’emplacement d'une première bâtie détruite en 1303 dans la prairie des Mortes. Mais cette fois, une partie de la construction est en maçonnerie. Des difficultés surviennent immédiatement entre le Dauphin et le comte de Savoie au sujet de ce petit château. Le 21 avril 1339, le Dauphin ordonne à Amblard de Briord, bailli du Grésivaudan de débuter la construction de la Bâtie de Belle-Marche dans la plaine entre Chapareillan et Les Marches, près du ruisseau du Glandon, à portée de flêches de la première. Le 3 juin, Henri Gras, châtelain delphinal de Bellecombe, proteste contre la construction entreprise par le comte de Savoie et fait procéder à l’aide d’une catapulte à un triple jet de pierres devant les officiers et ouvriers savoyards . Dès le lendemain, le procureur delphinal en Grésivaudan protesta devant le conseil du comte de Savoie à Chambéry contre la construction de la maison forte mais sa requête resta lettre morte . En juin 1339, Humbert II convoque une armée venant des baronnies de Montauban et Mévouillon pour une durée d’un mois et destinée à attaquer la bâtie des Mortes, mais la cavalcade se termina sans combat . Signe de la gravité de la situation, on fait appel à l’arbitrage du Pape. Malgré une décision en faveur du Dauphin, le comte de Savoie refuse d'abandonner sa bâtie. 

Le sort des deux bâties se décidera quinze ans plus tard, en avril 1354. De retour de la bataille des Abrets, le comte Amédée VI (dit le Comte Vert) vient mettre le siège devant la bâtie de Belle-Marche. Le Dauphin lui fait dire par un héraut que sous trois jours il arriverait avec son armée. Le comte lui fait répondre que la bâtie sera prise d'ici le lendemain soir et qu'il attendra le Dauphin quatre à cinq jours. Pour faciliter le franchissement du ruisseau du Glandon, deux charpentiers savoyards utilisent six chevrons pour relier les deux bâties adverses par un pont. Puis un autre pont est édifié pour franchir le fossé de la bâtie de Belle-Marche. Avec quatre chevrons, ils font des bras munis de crocs de fer pour arracher les pieux et les palissades du Dauphin. Le lendemain, le château est pris. Le comte investit un châtelain avec une garnison d'arbalétriers et de clients, puis va installer son camp près de Chapareillan. Le Dauphin n'étant jamais venu, il fait abattre dans un accès de colère les deux bâties de Belle Marche et des Mortes, pour «signifier qu’il n’est force que d’hommes et que où il y a gents de coeur il n’est besoin de bastides ou fortifications » .

Le localisation de la bâtie de Belle-Marche n’est pas aisée de nos jours. Il existe un lieu-dit « la bâtie » près du ruisseau du Glandon. La bâtie pourrait correspondre à une levée de terre située à gauche d’un chemin partant de la D285c, à proximité d’un vieux pont portant une borne sarde. La bâtie des Mortes devait être « à portée de flêches », soit à environ 150 mètres de l’autre côté du pont, dans un bois qui porte encore des traces de fossés au lieu-dit « Les Eaux Mortes ».

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L'emplacement des bâties (vue prise depuis Bellecombe)

Au delà du pont du Glandon en direction de l'ouest, emplacement présumé de la bâtie dauphinoise de Belle Marche (dans le taillis sur une petite élévation)

 


Au delà du pont du Glandon en direction de l'est, emplacement présumé de la bâtie savoyarde des Mortes (marquée par un remblai protégé par des fossés)

 

 

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